En Europe et en Asie, l’armée américaine a déployé un contingent limité de soldats qui ne peut pas déclencher seul, ou conjointement avec les armées alliées, l’invasion de la Russie. Seulement en raison de son isolement géographique, les Etats-Unis excellent depuis sept décennies grâce à leur force navale, trois fois plus forte que celle de la Russie, capables d’intervenir partout dans le monde.
Le Pentagone dispose également d’un gigantesque commandement composé de centaines de navires, spécialisés dans les opérations de déploiement de divisions de marines, de blindés, de véhicule, de forces américaines d’opérations spéciales, pour participer à une éventuelle invasion de la Russie. Par conséquent, les groupes navals expéditionnaires américains, organisés autour des porte-avions, navires de débarquement amphibies et des convois navals de troupes et de matériel militaire, sont considérés comme le plus grand risque pour la sécurité de la Russie [1].
Les groupes navals et les navires de débarquement des troupes américaines à partir des navires de transport sont protégés par plusieurs types de boucliers antibalistiques. Il s’agit du système naval AEGIS, armé de missiles SM-3 block 1B qui neutralise les missiles balistiques en vol de croisière à des altitudes comprises entre 100 et 150 km. Ce système est monté sur les destroyers et les croiseurs américains AEGIS, se rajoutant aux boucliers antimissiles balistiques de Pologne et de Roumanie. Il y a, en plus, le système mobile THAAD des forces terrestres américaines, en défendant les navires de débarquement. Ces systèmes sont destinés à frapper les missiles balistiques au début de la phase d’entrée dans l’atmosphère, à des altitudes situées entre 80 et 120 km. Ajoutez à cela les batteries de missiles mobiles AA de longue portée, de type Patriot, qui ont des capacités antibalistiques contre les missiles dans la phase finale de leur trajectoire, à une altitude de 35000 m [2].
La classification des aéronefs en vol dans l’atmosphère terrestre est faite selon la gamme de vitesse. Il y a des appareils volant à une vitesse subsonique (jusqu’à 1220 km/h, soit Mach 1), les appareils supersoniques, avec vitesse entre Mach 1 et Mach 5 (jusqu’à 6000 km / h) et à des appareils hypersoniques, volant à des vitesses entre Mach 5 et Mach 10 (c’est à dire jusqu’à 12000 km / h).
Les Russes ont découvert que les missiles antibalistiques américains ne peuvent intercepter aucun missile hypersonique dans la mésosphère (entre 35000 et 80 000 m d’altitude). La nouvelle doctrine de défense de la Russie a donc établi que l’antidote russe aux groupes expéditionnaires et convois navals américains, est représenté par les moyens militaires hypersoniques évoluant à une altitude allant de 35000 à 80 000 m.
Le Ministère russe de la Défense a alloué 2 à 5 milliards USD à une Fondation de recherche avancée (ARF), l’équivalent russe du DARPA du Pentagone, pour concevoir une variété de moyens hypersoniques dérivés de l’appareil spatial Yu-71 (Projet 4202). De 2011 à 2013, Yu-71 a été testé en tunnels aérodynamiques, et, à partir de 2013 jusqu’en Avril 2016 les essais ont été effectués dans l’atmosphère, lancés par des missiles stratégiques légers UR-100 et R-29RMU2. Le Yu-71 est un peu similaire au projet HTV-2, qui a été abandonné par les Américains en 2014.
L’appareil spatial Yu-71 a prouvé qu’il était capable de voler à la vitesse de 6000 à 11 200 km / h sur une distance de 5500 km à une altitude de croisière en dessous de 80 000 m. Il a été appelé planeur spatial, parce que contrairement aux missiles balistiques, il a une finesse aérodynamique de près de 5 : 1 (rapport portance / traînée) ce qui lui permet de recevoir des impulsions répétées à partir d’un moteur de fusée, effectuant ainsi des manœuvres de hausse de trajectoire.
